La conférence inaugurale du Père Basile, « L’âme et le corps : un seul être vivant, intelligent et libre », a d’emblée propulsé médecins et infirmières à un niveau surnaturel dont chacun ne peut jamais se passer. En effet si, au quotidien, le soignant ne s’y réfère pas ouvertement, la dignité naturelle de l’homme se trouve de fait, toujours à la première place des actes médicaux effectués auprès du malade. Le Père Basile a étayé son propos de nombreuses citations empruntées au Catéchisme de l’Eglise Catholique et à la constitution du concile Vatican II Gaudium et Spes pour rappeler ce que dit le Magistère sur la personne humaine.
Cette journée a eu lieu au Monastère Sainte Madeleine (Le Barroux – 84) le 20 octobre 2001.
1-I’homme est à l’image de Dieu
– Parce que l’homme est à l’image de Dieu, l’homme a une dignité naturelle de personne. En outre, par grâce, l’homme est appelé à une communion plus intime avec Dieu (CEC 357).
– L ‘homme est capable de volonté libre: il peut se donner librement. Ce don mutuel, entre les êtres et avec Dieu, ouvre à la communion. Dieu a créé librement le monde et cet acte créateur est un don mutuel de la vie Trinitaire de Dieu. (CEC 1702; GS 16 et 17).
– Dieu a livré son Fils unique pour chaque homme et – comme aime à le répéter Jean-Paul II – » pour tout l’homme » (CEC 358). Dieu a voulu devenir homme pour l’éternité, » pour faire monter l’homme et le faire asseoir à sa Droite. » (Pie XII repris par CEC 360).
2- Ame et corps: un seul être vivant et libre
– L ‘homme tout entier, âme et corps, est voulu par Dieu. (CEC 362).
– L’âme est le principe spirituel en l’homme, qui donne l’unité au corps. (CEC 363).
– Le corps humain est animé par l’ âme spirituelle. L ‘homme ne peut donc pas dédaigner la vie corporelle. C’est la personne toute entière, voulue par Dieu, qui est le Temple de l’Esprit (CEC 364).
– Unité âme et corps (concile de Vienne en 1312; CEC 365): » c’est grâce à l’âme spirituelle que le corps constitué de matière est un corps humain et vivant; l’ esprit et la matière, dans l’homme, ne sont pas deux natures unies, mais leur union forme une unique nature. » Le Père Basile recommande le livre du Père P. Ide, qui est aussi médecin: » le corps à cœur « .
– Création de chaque âme et son immortalité: chaque âme spirituelle est immédiatement et spécialement créée par Dieu; elle est immortelle (concile du Latran en 1513). L’Eglise enseigne que l’Esprit signifie que l’homme est ordonné dès sa création à sa fin surnaturelle, que le cœur est le » fond de l’ être » où la personne se décide ou non pour Dieu. (lettre de St Paul; CEC 367).
Après un déjeuner convivial et le service discret, bienveillant et efficace de nos hôtes-moines, la discussion s’est poursuivie par les cas cliniques qui ont posé un problème de conscience:
– problème touchant de Clara dès sa naissance qui nous fait pressentir la différence entre assistance et suppléance et qui nous rappelle ces » cas-limites » (borderline des anglo-saxons) pour lesquels il est parfois moralement licite de s’abstenir (discours de Pie XII aux réanimateurs).
– septuagénaire dont le carcinome hépatique a fait basculer la vie et celle de son épouse; la discussion s’engage sur le » non-dit « , à éviter pour le bien psychologique du malade en sachant » saisir la perche et prendre le temps de parler « , avec nuances, délicatesse et vérité, comme le dit une femme médecin qui vient de passer six mois en centre de soins palliatifs.
– quant aux maladies psychiatriques, le problème s’avère fréquent, notamment celui des névroses que le Pr de Butler rapporte à des sujets montrant un seuil de réactivité aux aléa de l’existence, plus bas que la population moyenne; ces personnes se trouvent ainsi très dépendantes du changement de milieu.
Le Dr J-J Canet, organisateur de cette journée, attire ensuite l’attention des participants sur les questions posées par la délivrance du Norlevo par les infirmières scolaires et, par ailleurs sur la prochaine révision du code de déontologie par l’Ordre des Médecins.
La journée s’achève par quelques réflexions du Pr de Butler autour du thème « Soigner, soulager, qu’est-ce qu’un acte médical ? » Il constate ainsi que soulager semble être le plus souvent un acte premier par rapport à celui de guérir, le premier relevant du médecin, le second sans doute de la nature; et de rappeler la célèbre phrase d’Ambroise Paré » Je le pansai, Dieu le guérit ».
Une deuxième réflexion est faite à partir de la nosologie des maladies, de la manière dont elles portent un nom. En effet, les réalités sous-tendues par cette identification souvent formelle sont multiples (exemples notamment des dysfonctionnements endocriniens, des anomalies biologiques par référence à des moyennes établies. . . )
Enfin, une troisième réflexion est commentée à partir de la définition même de la santé. Celle donnée par l’OMS » la santé n’est pas la simple absence de maladie ou d’infirmité mais un état de complet bien-être physique, mental et social » est floue, en se rapportant à tous les possibles, tous les désirs au détriment de notre nature. Rien n’est plus subjectif que ce sentiment de bien-être dont le médecin aurait à satisfaire toutes les exigences.
Une claire vision des enjeux détermine l’acte médical car en face du malade, en face de l’homme malade, le médecin se doit d’être plus généreux qu’un technicien spécialisé du vivant. Ste Madeleine, St Luc, médecins et infirmières ont besoin de vous.
Dr Marie-Pierre du Crest