Le traumatisme post-avortement
de Florence Allard (Auteur), Jean-Régis Fropo (Auteur)
Présentation de l’éditeur
Beaucoup de femmes souffrent de troubles psychiques après une IVG. Mais, leurs témoignages, le plus souvent émouvants, ne suffisent pas à identifier l’ampleur et l’objectivité du traumatisme post-avortement. C’est tout l’intérêt de ce livre très bien documenté. Les rapports de cas très évocateurs, les références aux travaux anglo-saxons, qui sont très en avance sur nous dans ce domaine, pourront aider bien des personnes à se faire une opinion objective sur cette souffrance interdite.
Biographie de l’auteur
Florence Allard est docteur en médecine, gynécologue. Attaché de consultation à l’hôpital Notre-Dame de Bon Secours à Marseille pendant 18 ans, elle est actuellement en activité libérale. Jean-Régis Fropo est ingénieur de l’Ecole Centrale et docteur en 3e cycle. II a travaillé cinq années dans la recherche fondamentale et appliquée. Une fois devenu prêtre, il s’est intéressé à toutes les questions touchant la vie conjugale et familiale.
154 pages
Editeur : Salvator (25 août 2007)
Le traumatisme post-avortement
M. l’abbé Jean-Régis Fropo
L’avortement entraîne bien souvent un traumatisme. C’est un sujet tabou en France, d’où l’intérêt d’un livre récent ([[Le Traumatisme post-avortement, du Dr Florence Allard et Jean-Régis Fropo, Salvator, 200, 156 pages, 14,90 e. Guérir du « syndrome post-abortif » est possible. Vous pouvez contacter :Association « AGAPA » : 46 rue Saint-Lambert, 75015 Paris. Tél. : 01 40 45 06 36.Association « Mère de Miséricorde » : Région Paris au 01 43 21 60 62.SOS Futures Mères : 0 800 868 838.Ces associations ont des antennes dans toutes les régions : le Centre de Paris peut vous renseigner. Source : La Nef n°190 de février 2008]]) qui s’appuie sur de nombreuses études puisées dans 112 articles parus entre 1985 et 2002 dans 43 revues médicales de haut niveau scientifique provenant de sept grands pays industrialisés.
L’existence d’un traumatisme post-avortement, en tant que traumatisme consécutif à une interruption volontaire de grossesse, commence à être bien connue des médecins gynécologues-obstétriciens ainsi que des psychiatres. La connaissance de ce traumatisme repose actuellement en France sur les témoignages de femmes ayant subi un avortement.
C’est important, mais les éléments recueillis sont forcément très subjectifs. D’autre part, il est bien connu aujourd’hui que les femmes ayant subi un avortement sont d’autant plus réticentes à en parler que le traumatisme subi a été plus important. Rappelons-en cependant quelques-uns parus dans la presse : « Après mon IVG, j’ai pleuré pendant six mois. J’ai mis des années à m’en remettre, en traînant un état dépressif. Personne ne vous prévient du choc terrible qu’on subit ».
« J’étais groggy en sortant de l’hôpital. J’ai mis du temps à réaliser. J’ai joué à la forte avant de m’effondrer en larmes en criant “mon bébé est à la poubelle”. Ne croyez pas ceux qui vous disent, ce n’est rien du tout ».
« J’ai avorté trois ans avant mon mariage, puis j’ai fait un mariage heureux et j’ai eu trois enfants. J’étais très heureuse dans mon couple et en famille. C’est seulement quinze années après que j’ai été prise par un état dépressif inexplicable : après en avoir cherché longtemps la cause, je me suis rendue compte que cela remontait à cette IVG ».
Constitué d’un ensemble de symptômes, variables d’une personne à l’autre, « le traumatisme post-avortement », apparaît à plus ou moins long terme, alors même que la femme a l’impression d’avoir oublié. Après l’IVG, la femme éprouve un sentiment de soulagement : son problème semble réglé. Mais peu à peu ce soulagement fait place aux troubles : culpabilité, perte de l’estime de soi, perte de l’appétit, insomnies et cauchemars, état dépressif persistant. Des problèmes apparaissent avec le conjoint, avec les autres enfants et l’entourage. Il faut savoir que 50 % des couples qui vivent une IVG sont conduits à se séparer dans un délai assez bref.
Tous ces symptômes s’amplifient chaque fois que la femme rencontre un événement qui lui évoque son avortement : nouvelle grossesse, amie enceinte, et surtout le jour anniversaire de l’IVG ou de la date où l’enfant aurait dû naître.
En France, cette souffrance est encore « interdite », car très peu de personnes sont disposées à l’écouter : mari, compagnon, famille, médecins et psychothérapeutes sont peu à l’écoute d’une détresse vécue dans le silence et la solitude. On prétend que ce traumatisme n’affecte que des femmes ayant déjà éprouvé des troubles antécédents, ou que cette culpabilité est d’origine religieuse. Mais cette position ne tient plus : pratiquement toutes les mères qui ont eu une IVG subissent des troubles à des degrés divers, dans tous les pays du monde et dans toutes les cultures, qu’elles soient croyantes ou non.
Les conclusions proposées ci-dessous ne sont pas fondées sur des témoignages ou des enquêtes menées auprès de femmes ayant subi un avortement, mais en répertoriant les actes médicaux concernant ces personnes avant et après leur IVG. Cela donne des éléments sûrs et vérifiés d’ordre scientifique et statistique dont il est difficile de contester l’objectivité.
Les principales conséquences physiologiques.
Les conséquences de l’avortement pouvant entraîner la mort à court terme sont : les hémorragies, les infections, les embolies, l’anesthésie, les grossesses extra-utérines non diagnostiquées.
On dénombre en France, d’après une enquête de l’OMS sur les années 1979 à 1989, 10 à 13 morts maternelles chaque année pour 220 000 IVG (exactement 13 en 1981). Cette mortalité est deux fois supérieure à celle observée lors d’un accouchement mené normalement à terme.
Pour le risque de cancer, les femmes qui ont avorté ont un risque probable 2,3 fois plus élevé d’avoir un cancer du col de l’utérus, des ovaires ou du foie. Pour le cancer du sein, le risque est 2,4 fois plus élevé pour les femmes jeunes qui ont avorté leur première grossesse (c’est le cas de 11 000 adolescentes chaque année en France). Il faut savoir qu’il y a 40 000 cas nouveaux de cancers du sein en France chaque année !
De 2 à 3 % des femmes ayant subi une IVG peuvent souffrir de perforation de l’utérus ou de lacérations du col de l’utérus. L’avortement accroît le risque de complications à la naissance, celui d’un développement anormal du placenta pouvant entraîner un handicap pour le fœtus ou le nouveau-né. Il est significativement associé à un risque de grossesse extra-utérine ou de stérilité.
La moitié environ des cas de stérilité sont consécutifs à l’avortement : infection des trompes, adhérences utérines, dilatation excessive du col de l’utérus.
Les plus communes complications mineures sont : infection, saignement, fièvre, douleurs abdominales chroniques, vomissements, perturbation du cycle menstruel. On constate qu’une ou plusieurs IVG sont associées à un abaissement général du niveau de santé : au contraire, une grossesse menée à terme est un facteur de bonne santé générale et psychologique.
Les principales conséquences psychologiques.
Après l’avortement, la femme éprouve un sentiment de soulagement, elle se sent libérée d’un souci immédiat. Comme l’avortement est autorisé par la loi et même remboursé comme un acte médical ordinaire, elle se sent « bonne conscience ». Les troubles psycho-émotionnels de gravité variable apparaissent dans les mois qui suivent, et parfois au bout de plusieurs années.
Pratiquement toutes les femmes qui ont subi un avortement souffrent de troubles à plus ou moins long terme et à des degrés divers. Beaucoup utilisent le refoulement comme mécanisme de défense et d’autant plus qu’il s’agit encore en France d’une « souffrance interdite ». Elles peuvent vivre une longue période de déni avant de rechercher une aide psychologique. Ces sentiments réprimés peuvent causer des troubles psychosomatiques et de comportement.
D’après une étude faite auprès de mères, 8 semaines après leur avortement, 44 % se plaignent de désordres nerveux, 36 % constatent des troubles du sommeil, et 11 % ont eu recours à une prescription de médicament psychotrope par leur médecin. Une étude rétrospective sur 5 années montre que 25 % des femmes ayant avorté ont consulté un psychiatre contre 3 % en temps normal.
Approximativement la moitié des mères ayant avorté présentent des symptômes d’un véritable « syndrome » : peur et culpabilité intense, dépression, perte de l’estime de soi ou du contrôle de soi. Ce syndrome est un dysfonctionnement psychique qui résulte d’une expérience fortement traumatisante.
Trente à cinquante pour cent des femmes ayant avorté sont victimes de dysfonctionnement sexuel, de durée plus ou moins longue : baisse du plaisir éprouvé, douleurs, aversion envers le partenaire, développement de conduites désordonnées : échangisme, vagabondage sexuel.
Environ 60 % des femmes qui expérimentent des séquelles post-avortement, ont des idées suicidaires et 28 % font des tentatives de suicide dont la moitié répète une deuxième fois cette tentative. En Finlande, le taux de suicide moyen annuel pour les femmes est de 11,3 pour 100 000. Pour les femmes ayant avorté, le taux monte à 34,7, tandis que pour les femmes ayant mené une grossesse à terme, le taux tombe à 5,9 ! On peut dire sans risque d’erreur que le fait d’être enceinte, d’accepter l’enfant et de le mener à terme est un élément certain de santé psychologique.
Le stress post-avortement est lié d’une manière significative à des conduites addictives : abus de tabac, d’alcool, de médicaments et de drogues, des désordres de l’alimentation, comme la boulimie et l’anorexie. On constate des problèmes de maltraitance sur les autres enfants, des problèmes de couples entraînant séparations et divorces. Un père s’exprimait ainsi : « Après cet avortement, l’équilibre de notre foyer fut compromis… l’amour que nous nous portions avec ma femme était mort avec l’enfant à qui nous avions refusé la vie ». Enfin, on constate de plus en plus des difficultés avec les enfants « survivants » qui ont appris que leur propre mère était passée par une IVG. Quant à la souffrance de l’enfant avorté, elle est complètement méprisée : pourtant, quelle que soit la « méthode », cet enfant meurt soit empoisonné, soit écartelé.
Il faut prendre la mesure de la véritable « conspiration du silence » qui entoure en France ce « traumatisme post-abortif ». Que ce soit au Planning Familial, dans les Centres sociaux des quartiers et des banlieues, dans les services « d’Orthogénie » des hôpitaux, le discours est toujours le même : « Madame, si vous avez un problème avec votre grossesse, la seule solution est l’IVG et elle est sans danger pour vous ! » Combien de temps va-t-on encore tromper les femmes sur ce sujet grave entre tous ?