Le dernier ouvrage de Michel Schooyans démonte quelques-uns des mécanismes essentiels du bioterrorisme qui s’est imposé dans les plus grandes organisations internationales, l’Organisation des Nations Unies (ONU), le Fonds Monétaire International (FMI), l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’UNICEF, etc., où il règne sans partage, recourant à une panoplie où se côtoient les sciences biomédicales, la démographie, la linguistique et la communication. Ce livre aussi vigoureux que lumineux invite à reprendre à la racine la question de l’humanité de l’homme.
Déconstruction du langage
Le sens des mots n’est plus assuré ; il fait l’objet de discussions, voire de marchandage et le trafic du langage devient l’instrument indolore d’un retournement psychologique. Discrètement, inexorablement, les personnes, même de bonne foi, sont captivées par les mots qui les trompent : protection, vie, santé reproductive, consensus, etc. Autant d’expressions symboles dont le sens est retourné pour habiller des entreprises homicides.
Contraception ou avortement ?
Ainsi, l’avortement n’est plus la mort prématurée de l’embryon ou du fœtus au cours de son développement mais c’est maintenant selon l’OMS, une méthode « qui agit après que la nidation a eu lieu ». Cette définition permet de faire mieux accepter la pilule du lendemain ou le stérilet, qui le plus souvent, n’agit qu’après la fécondation, en empêchant la fixation de l’ovule fécondé, c’est-à-dire de l’embryon. La majorité des pilules a un effet abortif plutôt qu’anovulatoire. Comme le précisent la plupart des notices, « un contraceptif oral peut agir à trois niveaux pour une sécurité maximale : la pilule permet le blocage de l’ovulation, empêche l’implantation de l’œuf et empêche les spermatozoïdes de monter vers l’utérus ».
C’est ainsi que, lors de la rédaction de l’encyclique Humanae Vitae, Paul VI avait bien compris que s’il acceptait la contraception, il devrait approuver l’avortement. On remarquera que cette définition trompeuse de l’avortement lève également tout obstacle à l’utilisation d’embryons à des fins expérimentales.
Contrôle démographique
Bien qu’il n’ait jamais été démontré que le contrôle de la natalité des pays pauvres favorise leur développement, le mot d’ordre de l’OMS est d’y favoriser l’avortement et la contraception tout en changeant les lois et les mentalités, en impliquant autant que possible les personnes influentes et les groupes religieux.
La tactique du salami
L’ouvrage de Michel Schooyans démontre ensuite comment sont utilisés les hésitations, les compromis, les ambiguïtés des chrétiens dans le domaine de la vie humaine et de la famille, comment les institutions catholiques sont infiltrées et utilisées pour mettre en œuvre les programmes onusiens de santé reproductive, en particulier au Brésil et dans les pays en développement. Au Mexique et au Brésil, près de 40% de la population féminine a été stérilisée ! Les résistances sont grignotées petit à petit ; la tactique a pour but de neutraliser l’adversaire puis de le récupérer en obtenant de lui, tranche après tranche, ce qu’il ne concèderait jamais en bloc.
L’enseignement de Nuremberg
Lors du procès de Nuremberg, les dirigeants et les organisations nazis ont été déclarés criminels par nature. Le tribunal a reproché aux médecins d’avoir obéi à des ordres et des lois injustes et d’avoir ordonné ou couvert des pratiques ou des expériences inhumaines.
On leur a fait grief d’avoir eu connaissance des programmes dans lesquels ils étaient impliqués, de les avoir exécutés et de ne pas avoir pratiqué l’objection de conscience alors qu’ils auraient dû le faire. Les juges de Nuremberg ont accueilli l’idée de la responsabilité de ceux qui institutionnalisent le crime. Ils ont condamné l’organisation de l’eugénisme, d’expériences médicales immorales et cruelles et de morts massives.
L’objection des hommes politiques
Aujourd’hui, la loi légitime le crime. D’après les chiffres de l’OMS, 50 millions d’avortements sont réalisés chaque année, et la légalisation de l’avortement fait de la société politique une société publiquement criminelle. Le mal de l’avortement apparaît plus clairement aujourd’hui qu’en 1975, au moment de la loi Veil. On perçoit combien il entraîne une altération du tissu social, instaure un principe de discrimination, banalise l’eugénisme, etc. Il est urgent d’éclairer la conscience morale des hommes politiques ; l’avortement, comme l’euthanasie, s’opère dans un réseau serré d’étroites complicités ; toute la chaîne des agents est solidaire dans le crime, du législateur au médecin, en passant par le juge.
Les chrétiens et l’objection de conscience
Or le respect de toute vie humaine est fondamental dans la définition de l’identité chrétienne. Il ne s’agit pas d’un choix qui serait laissé à chacun à l’intérieur de l’éthique chrétienne. Cette vérité, pleinement accessible à la raison, est pour ainsi dire le portique de toute la morale chrétienne. Les politiciens qui se taisent pratiquent l’objection de conscience à l’envers. En contestant les valeurs chrétiennes pour donner la primauté aux lois positives favorisant la mort, en choisissant l’éthique de responsabilité plutôt que l’éthique de conviction, ils font le choix de plaire aux hommes plutôt qu’à Dieu. Peut-on servir deux maîtres ?
La terreur douce
Avec l’arrivée de la terreur douce, toute existence humaine est en sursis et les hommes, à qui on a appris à se mépriser eux-mêmes, sont prêts à se reconnaître surnuméraires dans la société. Au nom du pluralisme, trop de chrétiens se laissent dépouiller de leur propre morale, au point d’adhérer à une vision perverse de la démocratie.
Dans ce monde où le droit à la vie ne tient qu’à un fil appelé consensus, le chrétien doit apparaître comme un signe de division et d’espérance.
Un livre remarquable et passionnant, complété d’une riche bibliographie.
A méditer de toute urgence.
Le terrorisme à visage humain – Michel Schooyans, ed. F.X. de Guibert, 2006.
Analyse de www.genethique.org