Alexandre VARAUT
Éditions du Rocher, collection Colère.
72 pages, 7,50 €
La société hédoniste n’aime pas les enfants, ou les aime trop, donc les aime mal, et c’est encore plus grave. Des parents souhaitent avoir un enfant comme ils veulent, quand ils veulent, tout comme un objet de luxe, et ils veulent alors savoir dès avant la naissance si cet enfant sera « parfait », décidant ainsi à la place de Dieu quelle vie vaut ou ne vaut pas d’être vécue… Ces parents là, « aménageurs de cocons », ne pensant qu’à leur satisfaction personnelle, n’envisageant la conception qu’en termes d’obligation de réussite, sont-ils bien armés pour être de vrais parents ? Telle est la terrible question que leur pose, dans un cri de colère aussi mesuré que cinglant, Me Alexandre Varaut, député au Parlement européen, père de cinq enfants, dont un petit François trisomique 21.
Dans cet ouvrage intitulé Être ou ne pas naître, il ne craint pas de dire que son épouse et lui n’ont pas eu recours à l’amniocentèse « qui consiste à avoir une chance sur cent de tuer le bébé pour détecter des maladies qui existent une fois sur sept cents ». François est donc né tel qu’il était et il grandit aujourd’hui en souriant: pour toute la famille, la vie n’a certes pas été plus simple, mais en tout cas « plus forte ».
Alors, quand a éclaté en 2000 l’affaire Perruche, où l’on voyait les parents d’un jeune handicapé demander pour eux, puis pour l’enfant lui-même, une indemnité parce que les médecins ne les avaient pas invités à le tuer avant sa naissance, le sang d’Alexandre Varaut n’a fait qu’un tour. D’où ce beau livre.
L’eugénisme à la française
Lui qui sait plus que quiconque le drame, mais aussi l’épanouissement d’amour qu’apporte à une famille l’acceptation d’un tel enfant, réagit contre la « dictature de la normalité », ce totalitarisme soft qui envahit les crânes dans un consentement mutuel suspect, cet « eugénisme à la française » qui, sous forme de « droit » à l’avortement, n’est qu' »un racisme chromosomique exercé sans vergogne jusqu’à la piqure ultime ».
Et de dénoncer ces « perquisitions intra-utérines qui se terminent bien souvent par un mandat d’arrêter l’enfant ». Avec cela on dépense aujourd’hui beaucoup plus d’argent pour dépister et donc éliminer les enfants trisomiques que pour encourager les recherches qui permettraient de les soigner et de les sauver. Contre « l’immonde meilleur des mondes » qui se présente à nos portes, Alexandre Varaut entend briser le glacis idéologique.
« L’homme, écrit-il, se grandit en n’acceptant pas d’être dominé par la loi de la sélection des espèces et de la domination des faibles par les forts. » Quant à la science, « elle ne remplit sa mission que lorsqu’elle se place au service de l’humanité et non pas de sa propre gloire ».
Et de conclure sur un appel poignant à ceux qui ont « un peu l’esprit de résistance » et qui croient que la vie physique ne fait pas à elle-seule l’excellence de la vie, pour qu’ils bousculent les trouillards et les idéologues et donnent à tous les enfants « la liberté de naître et de vivre avec le fardeau de leur génome et la légèreté de l’espérance »
Ce livre fort est une bonne action. Il rendra courage à nombre de parents. En outre il remet les idées à l’endroit dans notre monde livré à la culture de mort et où la qualité de la vie fait trop souvent oublier son sens, aboutissant ainsi à la traiter comme un matériau…