La drogue

 » Après quelques minutes, je me retrouvais avec tout mon sang-froid sans mal de tête, sans aucun des symptômes qui accompagnent l’ivresse du vin, et fus étonné de ce qui venait de se passer. Une demi-heure s’était à peine écoulée que je retombais sous l’empire du haschisch. Dans un air confusément lumineux voltigeaient avec un fourmillement perpétuel des milliards de papillons, dont les ailes bruissaient comme des éventails. Mon ouïe s’était prodigieusement développée. J’entendais le bruit des couleurs. Des sons, verts, rouges, bleus, jaunes m’arrivaient par ondes parfaitement distinctes. Un verre renversé, un craquement de fauteuil retentissaient en moi comme des roulements de tonnerre. Ma propre voix me semblait si forte que je n’osais parler, de peur de renverser les murailles ou de me faire éclater comme une bombe. J’étais si fondu dans le vague, si absent de moi-même, si débarrassé de moi, c’est odieux témoin qui vous accompagne partout. Ce qu’il y a de particulier dans l’ivresse du haschisch ce qu’elle n’est pas continue, elle vous prend et vous quitte, vous monte au ciel et vous remet sur terre sans transition. Comme dans la folie on a des moments de lucidité. »

Baudelaire, car c’est lui, écrira quelques années plus tard, alors qu’il est passé du haschisch à l’opium : « le haschisch comme toutes les joies solitaires rend l’individu inutile aux hommes et la société superflue pour l’individu. Le haschisch ne révèle à l’individu que l’individu lui-même. Celui qui aura recours à un poison pour penser ne pourra bientôt penser sans poison. « En vingt ans, la drogue a pris pour notre jeunesse les proportions d’un véritable péril. La toxicomanie atteint aujourd’hui toutes les couches sociales et frappe en particulier la jeunesse. Toutes les familles peuvent être concernées. Ne croyez pas que cela ne peut arriver qu’aux autres. Vous serez un jour ou l’autre confrontés à ce problème si ce n’est dans votre propre famille, ce sera pour des amis, des camarades de classe ou d’université ou même du travail.

Dans certains cas, dès l’âge de 12-13 ans, sous la pression d’un ami, du groupe, on essaie la drogue, à l’école, en soirée, lors d’activités sportives. Puis vient pour une partie non négligeable d’entre eux l’habitude et enfin la dépendance et c’est l’engrenage infernal.

La drogue est un défi au monde moderne. Le laxisme a prévalu jusqu’à ce jour mais il faut mettre fin à cette hypocrisie qui jette un voile sur la réalité de la drogue. Or, il n’y a pas de fatalité de la toxicomanie, il n’y a que la démission des adultes.

Encore faut-il que chacun se mobilise car ce fléau peut frapper n’importe qui, quel que soit le milieu social, religieux ou politique. La lutte contre la drogue et la toxicomanie est un enjeu capital. C’est aussi un impératif éthique parce que la drogue menace la liberté, la dignité, et la vie de la personne humaine. Ce combat et l’affaire de tous, de l’état, de l’éducation nationale, de la médecine, de la justice. Il nécessite le concours de tous, à tous les niveaux de la société, mais en premier cette lutte doit reposer sur les parents, premiers éducateurs des enfants.

Il faut agir auparavant, préventivement, avant que l’enfant n’ait déjà essayé. Il faut l’avertir des dangers que représente la consommation de toxique avant qu’il n’y ait goutté, et ceci dès le très jeune âge, car après, la notion de peur et de danger a bien peu de signification en particulier pour les 14-18 ans. Or, c’est sur toute cette période de l’adolescence, période de mutation profonde et d’instabilité que la drogue séduit les jeunes. À cet âge, il faut aider l’adolescent à se construire ; c’est en effet en fonction de son mode de relations de confiance avec sa famille, ses amis, et l’ensemble de ce qui contribue à forger sa personnalité que chaque jeune est amené à se déterminer face au choix de prendre ou de ne pas prendre la drogue.

Qu’est-ce qu’une drogue ?

C’est une substance qui agit au niveau du cerveau et dont l’action est ressentie agréablement par le sujet. Elle agit sur l’organisme en modifiant les sensations et le comportement. Surtout, elle produit une réaction de bien-être, de plaisir intense, c’est cela que recherche l’individu dans la drogue : le bien-être, le plaisir. Cette sensation revêt différent modes . Elle peut être due :

– à une stimulation des centres nerveux qui donnent une excitation avec les amphétamines, la cocaïne, le krach, l’ecstasy.

– où, à l’inverse, à une dépression du système nerveux central qui donne une sensation de bien-être intense, d’oubli, comme avec l’héroïne, la morphine, l’opium, le cannabis (haschisch).

– Enfin elle peut-être due au remplacement du monde réel par un monde artificiel, par les hallucinogènes, le LSD, la mescaline.

Quel est le mécanisme ?

La cible principale des drogues est le cerveau, siège de tous les mécanismes qui contrôlent le comportement. Des études scientifiques ont montré que toutes les drogues entraînent des modifications biochimiques, donc physiques dans le cerveau et induisent le comportement impulsif du toxicomane. Les progrès fabuleux de la science permettent maintenant de comprendre le mécanisme de l’action de la drogue, d’en connaître les effets et les conséquences et ceci a été particulièrement étudié pour le cannabis. Les travaux médicaux des vingt dernières années, en particulier les études par I.R.M., ont montré que le cerveau de l’homme est formé de deux parties, aux fonctions bien distinctes, le cerveau primitif ou paléocortex au centre de l’encéphale, et le nouveau cerveau ou néocortex, autour du précédent. Ce dernier et le siège de la pensée, des facultés intellectuelles, du langage, de l’expression symbolique, de la conscience du moi, alors que le cerveau primitif contrôle la vie affective, l’activité viscérale, les pulsions instinctives. Et le comportement humain est régi par le résultat de l’intersection des activités respectives du cerveau primitif et du nouveau cerveau.

Les expériences faites chez l’animal et chez l’homme à qui l’on donnait du cannabis ont permis de montrer que la zone stimulée du cerveau, sous l’effet de la drogue, se situait au niveau du paléo cortex ou cerveau primitif, dans une région très précise, la région limbique, véritable centre du plaisir. L’un des caractères très particuliers de la stimulation de cette région est qu’elle produit d’un véritable train d’ondes qui se propagent à l’ensemble du système nerveux et dont l’effet prolongé échappe au contrôle du néocortex. Sous l’effet de la drogue, des substances chimiques sont fabriquées au niveau du paléocortex ; on les appelle endorphines, par analogie avec la morphine, car ce sont elles qui déclenchent le plaisir.

De ces expériences, on peut conclure que la drogue interrompt le libre passage des signaux qui parcourent constamment les circuits cérébraux et intègrent les actions des deux cerveaux, le paléo cortex et le néocortex. Le déclenchement des mécanismes neurophysiologiques qui contrôlent le bien-être entraîne une altération biochimique, associé à des sensations de plaisir qui s’imprime dans le système nerveux central. La prise chronique de drogue, peut ainsi marquer d’une empreinte indélébile le cerveau primitif et altérer les jeux des facultés mentales. La stimulation des centres du plaisir et du bien-être est normalement, chez tout individu sain, associé à l’effort, à l’effort créateur, à l’expérience mystique, à la découverte, à toutes les activités qui ennoblissent l’homme et qui nécessitent un apprentissage, associé à l’activité du néocortex.

On voit donc le danger que représente la drogue qui permet à l’homme d’obtenir une satisfaction intérieure sans avoir exercé l’effort, associé à sa conquête, lorsque l’activité du néocortex est également mise enjeu. L’adolescent dont le centre du plaisir est prématurément stimulé par la drogue avant qu’il ait pu découvrir les autres sources de la joie est particulièrement vulnérable à cette monumentale tricherie dont il ne peut mesurer ni l’étendue ni les conséquences. Les centres cérébraux du bien-être, une fois saturés par la drogue, ne pourront plus être stimulés par les performances physiques ou intellectuelles, ce qui induit chez l’adolescent un véritable état de dé privation sensorielle qui expliquent sa léthargie et sa désinsertion sociale. Aucune société ne peut concurrencer la satisfaction immédiate donnée par la drogue. C’est là que réside le grand danger social des stupéfiants : il détourne l’homme des tâches dont l’accomplissement pourrait lui donner, au prix d’un effort, une satisfaction analogue qui résulterait alors d’un fonctionnement à l’unisson du cerveau primitif du nouveau cerveau.

Les bases biologiques de cette déstabilisation simultanée des deux cerveaux, par le cannabis par exemple, sont parfaitement connues maintenant. Cette drogue perturbe et dévie le traitement d’information dans les zones du cerveau dont l’intégrité est essentielle pour l’exercice de la raison et de la liberté. Le cerveau de l’homme est doté d’un plan d’ordonnancement extraordinaire, basée sur d’innombrables mécanismes de contrôles qui sont endommagés par la drogue. Cette perturbation de l’équilibre cérébral peut, au long cours, devenir irréversible, engendrant le comportement stéréotypé de recherche et de consommation de la drogue. Le drogué n’a plus qu’un objectif, une obsession : obtenir de la drogue et la consommer.

La toxicomanie peut donc se définir ainsi : absorption volontaire, habituelle, de substances présentant dans leurs effets psychiques une toxicité immédiate : euphorie, état d’ivresse d’excitation, alternant avec une apathie, un abattement profond, et également une toxicité chronique se manifestant dans un temps plus ou moins long par un état de dépendance ; nous y reviendrons. Toutes ces substances agissant sur le système nerveux central sont dans un premier temps bien tolérées. La tolérance est la plus petite quantité de substance efficace que l’organisme peut supporter sans effet toxique.

Avec l’usage répété, survient l’accoutumance ; à ce stade l’abstinence ne provoque pas de trouble désagréable ni dangereux mais le désir de prolonger l’usage entraîne une dépendance psychique. La dose supportée sans dommage augmente en même temps que l’effet recherché diminue, d’où l’obligation, pour obtenir la même efficacité, d’accroître sans cesse les doses. Ceci, jusqu’à atteindre parfois la dose supérieure que l’organisme peut tolérer : c’est l’overdose qui est le plus souvent mortelle.

La dépendance s’installe à partir du moment où la personne ne peut plus se passer de sa drogue. C’est une dépendance psychique avec un état de malaise, d’angoisse, de besoin invincible, mais aussi une dépendance physique lorsque le toxique s’incorpore dans les processus biologiques de l’organisme au point que, si celui-ci en est privé, survient l’état de manque, manifesté par des troubles graves, troubles organiques mais aussi troubles du comportement, appelée syndrome du sevrage ou d’abstinence ; ce syndrome est atrocement douloureux, un enfer disent les drogués, où un impérieux besoin de se procurer de la drogue par tous les moyens, y compris les délits les plus graves et les plus violents.

L’ensemble de ces facteurs (plaisir extrême état d’euphorie associée à un dysfonctionnement cérébral, syndrome d’abstinence et tolérance) entraîne un comportement dominé par la recherche de la drogue et sa consommation fréquente est incontrôlée. La toxicomanie se caractérise par une préoccupation constante de recherche de drogue est aussi par un pourcentage élevé de rechutes après une tentative d’abstinence. Il est maintenant bien établi que l’individu, à cause de la nature même des effets sur son cerveau de ces drogues qui lui procurent un plaisir immédiat est intense, est poussé à leur consommation et devient dépendant. Ces drogues limitent donc la liberté de l’individu en le rendant esclave d’une habitude à laquelle il aimerait souvent renoncer sans pouvoir le faire.

Quels sont les principaux types de drogue ?

Commençons par l’opium. L’opium est extrait du pavot, cultivé en Extrême-Orient, en Chine, dans le triangle d’or formé du Laos de la Thaïlande et de la Birmanie, ainsi que dans le croissant d’or formé par l’Iran, la Turquie, l’Afghanistan, le Pakistan, le Liban. Il se présente en pâte, en poudre ou en liquide. Il se fume à l’aide d’une pipe. Il provoque un état de bien-être, de béatitude contemplative, facilitant la rêverie. Assez rapidement, surviennent la dépendance psychique et physique et, à long terme, un délabrement de tout l’organisme. Il est relativement peu utilisé en France. De substances particulièrement toxiques sont dérivées de l’opium : la morphine et l’héroïne.

La morphine est un alcaloïde naturel extrait de l’opium. Elle est administrée le plus souvent en injection, intraveineuse ou sous cutanée. En pratique médicale, la morphine est utilisée comme un antalgique : ses effets sont similaires à ceux de l’opium mais plus puissants. Consommée régulièrement, elle provoque d’importantes réactions du système nerveux, analgésie, somnolence, euphorie, dépression respiratoire, nausées et vomissements. Elle entraîne une dépendance physique et psychologique très importante.

L’héroïne est un dérivé semi synthétique de la morphine. Elle se présente sous forme de poudre blanche facilement soluble dans l’eau. Elle est administrée par prise ou par injection. Ce produit n’a aucune utilité en médecine. Elle est considérée comme la drogue la plus dangereuse. Les héroïnes proviennent de différents pays d’Asie, du proche et du Moyen-Orient qui cultivent le pavot. La dépendance physique et psychique est très importante. Aux premières prises et à faible dose, les effets sont assez désagréables mais, dès la troisième ou quatrième prise, la dépendance commence avec la nécessité de continuer et d’augmenter les doses. Le piège se referme. En prise nasale, l’héroïne à une action calmante, voire agréablement abrutissante. L’effet recherché est une sensation d’euphorie, accompagnée d’une exacerbation de l’imagination. Le sujet n’éprouve plus ni faim ni soif ; il a l’air absent, il est apathique, le regard fixe. L’héroïne et cinq fois plus toxique que la morphine. Tous ceux qui passent de l’opium à l’héroïne ne peuvent plus revenir en arrière. La demande est si forte qu’il faut renouveler piqûre ou prise toutes les deux ou trois heures. C’est à l’héroïne intraveineuse que l’on doit le plus de morts par overdose. Au départ, le jeune ou l’adulte ne se méfie pas de l’offre gratuite qui va lui être faite car, en effet, les premiers jours, l’héroïne est très souvent offerte gracieusement afin de créer l’état de dépendance jusqu’au jour où le sujet devra l’acheter et devenir revendeur à son tour. La poudre est le plus souvent coupée, pour en augmenter la quantité, avec du sucre, de l’aspirine pilée, du bicarbonate, de la farine ou même de la lessive ; mais ces produits de coupage sont insolubles et sont à l’origine d’embolies capillaire au niveau du poumon ou des yeux. 80 % des héroïnomanes ont commencé à se droguer avec du cannabis. Retenez bien cela !

Quelles que soient ces drogues, leur introduction dans l’organisme par piqûre donne un risque de transmission du sida ou de l’hépatite par l’intermédiaire des seringues qui passent d’un drogué à l’autre. Certes des seringues jetables sont en vente libre, mais le partage des seringues fait partie du rite entre drogués et nous avons beaucoup de mal à les en dissuader.

la cocaïne est un alcaloïde est extrait des feuilles du cocaïer, un arbuste d’Amérique du Sud. La cocaïne se présente sous forme d’une poudre blanche cristalline, soluble dans l’eau. Elle peut-être prisée ou sniffée, ou injectée. Le produit est très apprécié dans les milieux de la presse, des intellectuels, du show business. La consommation par prise nasale semble la plus courante ; elle se fait généralement avec l’aide d’une minuscule spatule sur laquelle on dépose la dose voulue et que l’on porte aux narines. À faible dose, la cocaïne produit une sensation d’euphorie accompagnée d’un sentiment de puissance physique et intellectuelle qui amène le sujet à se situer au-dessus de la réalité. Elle retarde la sensation de fatigue et réduit le besoin d’alimentation et de sommeil. Puis, s’ensuit une période de détresse et d’anxiété beaucoup plus longue qui disparaît avec une nouvelle dose. La cocaïne appelée aussi « la coke » entraîne une accélération du rythme cardiaque, une augmentation de la transpiration et une dilatation des pupilles. Elle engendre une dépendance physique et psychique. À forte dose, elle provoque des tremblements et des tressaillements musculaires. Les Péruviens mâchent des feuilles de coca pour augmenter leur résistance à la fatigue, à la faim, à la soif. Les feuilles sont pillées et mélangées à des cendres en une pâte spéciale appelée  » la peste « . Le crack est fabriqué en France à partir d’une cocaïne raffinée et mélangée à du bicarbonate de soude. Fumer ne peut de préférence avec une pipe à eau, il donne un effet immédiat, envahissant les poumons, les sens, touchant le cerveau. Le retour sur Terre est terrible. Le toxicomane en redemande. L’accoutumance est très rapide.

Le LSD est extrait de l’ergot de seigle ou produit par synthèse. Il est absorbé sous forme de pilules. Il entraîne au début une réaction de gaîté, de rire, puis des hallucinations visuelles et auditives avec modification des couleurs et des sons. Un comportement de panique imprévisible peut survenir. Le LSD produit parfois les troubles mentaux graves et irréparables de la personnalité, conduisant à une schizophrénie. Il est fabriqué aux États-Unis et en Hollande.

La Mescaline, tirée d’un cactus mexicain, provoque les mêmes troubles que le LSD : hallucinations, désorientation, angoisse intense, perturbation de la personnalité et parfois suicide. En fait ces deux produits sont beaucoup moins consommés que dans les années 70, à l’époque des hippies.

L’ecstasy est une amphétamine de synthèse ; elle fait depuis peu des ravages en France, consommée le plus souvent en bande, dans des soirées rave avec musiques techno, stroboscopie et alcool. Elle s’absorbe sous forme de cachets blancs ou de couleur portant les inscriptions suivant :  » love Eve « ,  » colorese « ,  » Popeye « ,  » tonic « ,  » Superman « . Après une période d’excitation de bien-être intellectuel et physique, elles donnent rapidement des nausées, vomissements, des palpitations pouvant entraîner des troubles cardiaques parfois mortels, des sentiments d’angoisse pouvant évoluer en crise de délire grave, agitation, convulsions. Une hyperthermie avec déshydratation, épuisement, parfois coma. Enfin, des accidents psychiatriques quelquefois irréversibles peuvent apparaître. Ces soirées rave sont connues parfois de la police mais celle-ci ne peut rien faire le plus souvent. Vous en connaissez le principe, je suppose : il s’agit de rassemblements de jeunes dans des lieux inhabituels, usine désaffectée, maison abandonnée, carrière, quelquefois pleine nature. Le lieu n’est précisé que le jour même de manière à échapper à la police. L’information se fait par téléphone. On a vu des rassemblements de 1000 ou 2000 jeunes se faire ainsi en quelques heures et c’est le déchaînement, sous l’effet de l’alcool, de la musique techno et de l’ecstasy. On ne peut pratiquement rien faire pour arrêter ces soirées « rave ».

Les produits médicamenteux

Ils sont détournés de leur utilisation médicale et thérapeutique ; il sont souvent utilisés, à très forte dose, associés à l’alcool. Ce sont des psychotropes comme les barbituriques, les tranquillisants, les somnifères, les produits antitussifs. Après l’euphorie et le bien-être, il provoque ivresse confuse, agressivité et peuvent conduire au coma et à la mort. Il s’utilisent par voie buccale, en cachets, en gélules, ou par voie intraveineuse. Il créent rapidement une dépendance physique et psychique.Les amphétamines. Ce sont des produits de synthèse, stimulants du système nerveux central. Elles suppriment la sensation de fatigue et de faim. On peut les considérer comme particulièrement dangereux elles ont une action euphorisante et donnent une sensation de puissance intellectuelle et physique. Elles créent une dépendance psychique grave et amènent le sujet a dépasser ses possibilités de résistance, ce qui peut conduire à la mort par arrêt cardiaque, suicide, ou par accident de circulation. L’ingestion à haute dose conduit à des maladies de type paranoïaque avec sentiment de persécution. L’agressivité induite par les amphétamines peut rendre le sujet dangereux. Leur abstinence crée un syndrome de manque de type dépressif d’une profondeur extrême.

Enfin, deux produits médicamenteux sont aussi détournés de leur rôle thérapeutique :

– La Kétamine, ou Ketalar ; c’est un anesthésique qui se présente sous forme liquide et qui, par chauffage, se transforme en poudre et est sniffé, donnant un effet hallucinogène.

– Les poppers ; ce sont des vasodilatateurs, dérivés nitrés utilisés dans les troubles cardio-vasculaires. Ils sont sniffés et provoquent une excitation sexuelle. Ils sont utilisés surtout par les homosexuels. Les solvants

Comme leur nom l’indique, ils servent à dissoudre de nombreuses matières dans l’industrie, colle, peinture, telle le trick leur éthylène, le dolmen, qui sont utilisés aussitôt nettoyants est détachant car ils dissolvent les graisses. Ce peut être aussi les terres, utilisant médecine. Inhalé, sniffé, leurs effets sont rapides et variés : euphorie, modification des sensations plus sommeil. À petites doses répétées, il diminue la mémoire, perturbent leurs relations sociales. On a pu observer des morts accidentelles dues à l’ivresse, chute, crise cardiaque, étouffement si le sujet fourre son nez dans un sac de plastique souvent utilisé pour sniffer (enfants des rues).

Revenons au cannabis ou haschisch

Dépresseur et hallucinogène à la fois, c’est une plante dont le produit actif, le tetrahydrocannabinol, ou T. H. C., se présente sous trois formes :

— les feuilles et fleurs séchées donnent la marijuana, le kif ou l’herbe, qui se fume, mélangé le plus souvent à du tabac, roulé en cigarette est appelé alors un joint, un stick, un pétard.

— la résine de la fleur femelle donne le haschisch appelé hash, shit, ou H. présenté sous forme de lamelles, se fume généralement mélangée au tabac.

— l’huile, enfin, obtenue par distillation des feuilles ou de la résine, se consomme au moyen d’une pipe avec un taux de tetrahydrocannabinol très élevé.

Le cannabis est donc consommé par voie respiratoire principalement mais peut également être mélangé à des aliments. Attention ! Dans certaines soirées il est introduit dans le buffet. Le chanvre indien, source du cannabis, est une plante originaire d’Egypte, d’Asie centrale, puis étendue à l’Afrique du Nord, au Maroc notamment, en Amérique du Sud et en Europe, en particulier Hollande où la culture cannabis est en voie de remplacer celle des tulipes. En petites quantités, on constate des réactions euphoriques, des rêveries. À plus forte dose, il peut produire des modifications du comportement avec altération de la mémoire à court terme et ralentissement des facultés d’apprentissage. Il peut produire ensuite des atteintes des fonctions psychiques, hallucinations entre autres. Le sujet perd son self contrôle, le sens du réel, la notion de temps et d’espace.

Cette toxicomanie, à l’état aigu, interfère avec de nombreux aspects des fonctions intellectuelles et affectives, a des effets de distorsion des perceptions, entrave les activités psychomotrices complexe, telle entre autres la conduite. En 1985, une expérience fut entreprise aux États-Unis : on demanda à des pilotes après leur avoir donné à fumer une cigarette de haschisch de s’entraîner sur un simulateur de vol. Vingt-quatre heures après, ils faisaient encore de graves erreurs d’atterrissage, alors qu’ils se déclaraient en pleine forme physique et intellectuelle. La même année, un terrible accident d’atterrissage lieu à New York ; le pilote rescapé admit avoir fumé du H. la veille et des composés de H. furent détectés dans ses urines. En 1994, une collision effroyable entre deux trains se produisit près de Washington : plus de 30 morts et cent blessés ; le conducteur avait brûlé deux feux rouges et un signal d’alarme. On mit en évidence du H. dans ses urines. De la même manière, de nombreux accidents de la route peuvent être imputé à des conducteurs ayant des troubles de la perception, de la vigilance, induits par le haschisch sans même que ces conducteurs aient pu percevoir un dysfonctionnement cérébral. Lors de contrôles routiers, on devrait pratiquer systématiquement un contrôle de cannabis comme de l’alcool.

L’usage chronique de cannabis s’accompagne également d’altération de la fonction pulmonaire, de perturbations de la fécondité avec baisse du nombre de spermatozoïdes, avec absence d’ovulation ; d’altération de la fonction immunitaire avec des troubles O.R.L. à répétition ; enfin, des effets nocifs sur la fonction cardiaque. Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est l’effet du cannabis sur la croissance et la maturation des enfants et des adolescents. Ils sont particulièrement vulnérables aux effets exercés par la drogue sur les mécanismes cérébraux et sur le comportement. Le syndrome de perte de motivation est caractéristiques chez les individus faisant un usage prolongé de cette drogue avec perte d’énergie, mauvais résultats scolaires, rapports difficiles avec les parents, troubles du caractère, anorexie, insomnie alternant avec agressivité, agitation, tremblements. Le cannabis n’est donc pas comme certains affirment actuellement une drogue douce, une drogue anodine. Il n’y a pas de drogue douce.

Y a-t-il un profil type de toxicomane ?

Oui, et nous le développerons, mais sachez que tout enfant, tout adolescent parfaitement sain, parfaitement épanoui, peut malheureusement à l’occasion d’une offre occasionnelle, par des amis, par son entourage, découvrir ce plaisir intense, être submergé par le désir de recommencer et là, engrenage possible. S’il a été informé auparavant que cela pouvait détruire son intelligence, sa volonté, S’il vit dans un milieu stable, entouré de l’amour de sa famille et d’un milieu équilibré, il pourra résister. Mais si, malheureusement, cette offre survient alors que l’enfant ou l’adolescent est mal dans sa peau, dans un milieu désorganisé, livré à lui-même, sans amour, sans repères, sans surveillance, le risque est immense. Certaines personnalités sont plus fragiles. Ainsi, l’individu dépourvu de sens prévisionnel, immature, instable impulsif, toujours enclin à la transgression des règles et aux expériences nouvelles constitue le prototype du profil prédisposé à la toxicomanie. La drogue est pour lui un refuge, l’illusion d’un plaisir fou. Il est plongé dans un milieu infiltré par un prosélytisme constant dans une rencontre avec ses semblables. L’importance du groupe est immense avec sa convivialité, ses règles, ses rites, et progressivement aucun frein ne pourra contenir le désir de ce toxicomane qui paraît avoir une perte totale de sens moral, rechercher le plaisir immédiat qui l’emporte sur les conséquences. Il devient absolument inconscient des risques qui l’encourent.

À quoi reconnaît-on qu’un jeune se drogue ?

Ce n’est pas facile, au début, lorsque le jeune commence à prendre une drogue dans la période de tolérance relativement longue. Il n’y a pas de signes évidents. Les parents, comme les professeurs, peuvent cependant s’apercevoir de troubles du caractère, de sautes d’humeur, de colère, de baisse des résultats scolaires. Quand la prise se répète, qu’elle devient habituelle et à plus forte raison que la dépendance instable, des signes apparaissent avec évidence. Ce sont les troubles décrits précédemment mais exacerbés, suscitant aussi les découvertes de traces de matériel qui subsiste : seringues, garrot, cuillère noircie, papier à cigarette. Surviennent des vols d’argent ou d’objets à la maison ; enfin s’y ajoutent des symptômes physiques, perte d’appétit, amaigrissement, insomnie, yeux constamment cernés, haleine fétide.

Alors, comment lutter ?

Si on veut réellement s’attaquer au fléau de la drogue, il faut revenir à cette vérité fondamentale, peut-être trop simple pour certains, la toxicomanie des jeunes c’est d’abord la rencontre d’un adolescent le plus souvent sain mais fragile, comme tout adolescent, avec un produit toxique pour ses cellules cérébrales.

Il faut agir sur trois fronts :

— la prévention par l’information pour renforcer les défenses des adolescents.

— la répression accrue du trafic pour diminuer l’offre.

— le traitement des toxicomanes par le sevrage absolu avec réadaptation socioprofessionnelle.

La prévention par l’information est capitale, celle des enfants, celle des parents, celle des enseignants. Elle se fera au lycée, au collège peut-être même en dernière année de primaire. Elle se fera surtout et avant tout au sein de la famille. Nous l’avons vu, c’est très tôt, avant même qu’il n’y ait goutté, que l’enfant, adolescent, doit avoir forgé son intelligence, sa volonté à dire non. Non d’emblée, non à la première proposition, qu’il ne puisse se dire  » je peux essayer « . Non, car il sera si difficile d’arrêter. Il faut que les jeunes sachent qu’entrer dans engrenage de la drogue, c’est faire un pas vers la dépendance, vers la dégradation psychique, physique, peut-être même vers la mort. Il faut l’en informer, informer sans relâche, et cela très tôt. La liberté individuelle est fonction de la connaissance. On est d’autant plus libre lors d’un choix que l’on sait et inversement d’autant moins libre que l’on ignore.

Il faut que l’enfant, l’adolescent, soit capable d’envisager des situations de choix qui peuvent se présenter, qu’il soit capable d’avoir une vue précise et pragmatique de ses fréquentations et de certains moments qui créent les tentations à deux. Il faut qu’il soit capable d’appliquer ses connaissances à cette situation de choix, qu’il soit donc capable d’anticiper une situation d’offre. Par exemple, il faut que soit capable d’imaginer une offre faite au cours d’une soirée, d’un produit toxique, le cannabis par exemple, par un individu connu ou non, mais dont le comportement est apparemment normal et c’est là le danger. Tout en étant antidrogue, le jeune risque d’accepter, n’osant pas refuser, pour s’intégrer au groupe ou par curiosité, amusement, communion avec l’autre, par simple convivialité. Le risque est grand car le produit peut lui donner l’illusion d’avoir trouvé la solution à ses problèmes éventuels. Le produit peut-être le révélateur qui l’inciterait alors à continuer ultérieurement.

Traitement

C’est un problème difficile à cause d’un manque de structures, mais non insurmontable à condition d’y mettre les moyens. Il faut distinguer les cas légers, relevant de la cure ambulatoire, qui doive être pris en charge par des médecins généralistes et il faudrait que ceux-ci soient de plus en plus formés à cet effet. Le jeune pourra rester dans son cadre habituel, familial, scolaire. La relation entre médecins parents doit être très étroite, si l’on doit avoir une chance de réussite car l’amour des parents pour leur enfant et d’une puissance incomparable. Par contre, le traitement des toxicomanes de l’héroïne, le plus dangereux dangereux de tous les autres, nécessite des structures plus complexes et pose le problème de la contrainte qui exige une analyse approfondie.

Il est évident qu’il faut rechercher en priorité le dialogue, l’adhésion volontaire du toxicomane. Malheureusement, le drogué sous l’emprise de la drogue se refuse le plus souvent au traitement. Doit-on abandonner à leur sort c’est-à-dire à la déchéance, des êtres jeunes qui n’ont plus leur libre arbitre ? Certains psychiatres affirment que l’on ne peut contraindre un drogué à se faire traiter. Beaucoup de médecins, au contraire, pensent qu’il faut porter assistance à personne en danger et que le traitement par la contrainte est la seule chance de sauver ce drogué de l’engrenage infernal.

Ce traitement se passe en trois temps :

— le sevrage

— la motivation

— la réadaptation socioprofessionnelle

Le sevrage, c’est-à-dire l’abstinence totale de toute drogue, par persuasion dans la mesure du possible ou par obligation, est le premier acte médical absolument indispensable : c’est le premier pas vers la guérison. C’est un moment effroyablement pénible pour le toxicomane, surtout les huit premiers jours, avec des douleurs physiques et psychiques atroces. Cela se passe mieux avec un fort soutien psychoaffectif, surtout si celui-ci est apporté par des toxicomanes guéris, fortement motivés par le souvenir du gouffre dont ils sont sortis. Ils ont le langage approprié pour ceux qui vivent ce moment, leur message est mieux compris des toxicomanes. Nous avons en France des associations qui constituent des communautés thérapeutiques où l’accueil des drogués se fait d’une manière remarquable. Loin de l’entourage habituel de drogué, loin de la drogue et de ses revendeurs. Mais, dans l’ensemble, nous manquons de structures d’accueil de ce type.

Le toxicomane sevré reste fragile, il garde une psycho dépendance plus ou moins grande, plus ou moins durable. Il faut l’aider à refaire sa volonté, à restructurer sa personnalité. Cette période de convalescence lui permet de faire le vrai apprentissage de la liberté, de se réhabituer à s’assumer, à se prendre en charge par une discipline individuelle et de groupe avec l’aide de psychologues, d’éducateurs spécialisés et le soutien de toxicomanes guéris.

Il faut ensuite lui donner une formation sociale par la prise de responsabilité dans le centre de traitement. On lui donne une formation générale pour remettre un niveau ses connaissances et un apprentissage professionnel adapté à la capacité de chacun et au marché de l’emploi. C’est après toutes étapes et elles sont longues, et sont dures, que l’on peut espérer que le toxicomane sera guéri.

Que penser de la thérapeutique de substitution ?

Il s’agit de remplacer la drogue par la méthadone ou le Subutex. Vous savez que ce programme est appliqué en France depuis quelques années. Les partisans de ce procédé donnent comme argument que l’on évite au drogué de devenir lui-même revendeur ou délinquant pour se fournir l’argent nécessaire à l’achat de sa drogue ; on supprime le stress très important et l’obsession : où vais-je trouver une dose ? Malheureusement, cet individu restera toujours sous la dépendance d’un produit, ce ne sera plus l’héroïne, la cocaïne, la morphine, le LSD ou autres mais ce sera la méthadone. Où est l’amélioration ? Il n’y en a guère, l’individu reste privé de sa liberté ; il reste toujours sous l’emprise et la dépendance d’un produit. Il faut, c’est évident, préférer comme traitement de la toxicomanie le sevrage total et absolu, même si c’est terrible.

Reste maintenant la répression

Elle se situe à deux niveaux. Au niveau du toxicomane lui-même, au niveau du trafic. En France, la loi de 1970 déclare que la toxicomanie est un délit et qu’elle peut conduire à des peines de prison. En fait, cette loi propose une alternative : si le drogué accepte de se faire soigner, le délit est effacé. L’esprit de cette loi est donc d’encourager le drogué à se faire désintoxiquer. Malheureusement, les structures d’accueil ne sont pas en assez grand nombre et les magistrats ne disposent pas de véritable moyen pour contrôler le sérieux de son application. Cette loi est donc fort mal appliquée.

Les seuls drogués actuellement en prison France le sont pour délinquance, vol, agression, commis pour pouvoir s’approvisionner. Cependant, certains profitent du prétexte que cette loi est inappliquée pour prétendre qu’il faut dépénaliser ce qu’ils appellent drogue douce, en particulier l’usage du cannabis. Or il n’y a pas de drogue douce, nous l’avons vu, cette drogue est toxique, provoque des désordres physiques psychiques et conduit très facilement l’escalade, à l’usage de la morphine, de la cocaïne de l’héroïne, des drogues dures. Il existe actuellement une importante campagne pour faire croire que le cannabis est une drogue anodine, que sa consommation est sans conséquence et que l’on peut donc en dépénaliser l’usage. C’est déjà fait en Espagne, Hollande, en Suisse.

Il ne faut pas céder en France – sous aucun prétexte – car à partir du moment où il n’y a plus d’interdit, c’est la porte ouverte à la banalisation, à la normalisation et l’épidémie s’étendra, non seulement pour la consommation du cannabis mais aussi pour toutes drogues mêmes les plus toxiques, nous le voyons bien dans les pays où l’interdit a été levé.

Parlons maintenant la répression du trafic. Il faut être sans pitié pour ces trafiquants qui osent venir jusqu’aux portes de nos écoles proposer à nos enfants ce produit de mort. Alors, très souvent ces revendeurs qui en fait sont utilisés par des organisations très puissantes, sont eux-mêmes des drogués obligés d’entrer dans le circuit de la vente pour assurer leur propre approvisionnement.

En conclusion

Il nous faut bien faire prendre conscience des terribles engrenages que constitue la drogue aussi bien dans nos pays d’Occident que dans les pays producteurs. La drogue est devenue une monnaie d’échange, au même titre que le lingot ou les dollars. Il y a certes tous les trafiquants, petits ou grands, mais il y a aussi de hauts personnages, non seulement complices mais organisateurs principaux de ce trafic. Des états entiers vivent de la drogue. Des guerres sont alimentées par l’argent de la drogue. Désormais, toutes les nations du monde sont confrontées au phénomène de la drogue, soit qu’elles en produisent et en vivent, soit qu’elles n’arrivent pas à maîtriser son trafic sur leur propre sol, trafic aux mains des mafias qu’aucune frontière n’arrête. Mais peut-être y a-t-il aussi à l’origine de ce trafic des raisons beaucoup plus machiavéliques, une volonté de subversion, de déstabilisation des nations en s’attaquant à leur jeunesse porteuse d’avenir ; volonté criminelle de la détruire, de la rendre inapte à assurer la relève de ses aînés.

Pour de l’argent, encore plus d’argent qui donne puissance et pouvoir y compris celui d’acheter les consciences, on pratique sans scrupule la vente de ces terribles poisons. Il sera très difficile de faire cesser ce marché. On doit organiser un front compact de résistance qui s’engage toujours davantage non seulement au service de la prévention et de la réhabilitation de toxicomanes mais aussi dans la dénonciation et la poursuite légale des trafiquants de mort et dans la destruction des réseaux de la désagrégation sociale et morale. Il faut avant tout que soient mis en lumière les intérêts de ceux qui spéculent sur le marché, que soient identifiés ensuite les mécanismes et les instruments utilisés. Mais ce qu’il faut surtout c’est que les adultes, les parents au premier chef, proposent aux enfants des objectifs non seulement matériels mais aussi spirituels et que nous commencions par leur apprendre, sans démagogie, qu’il n’y a pas de droit sans devoir, en deux mots que nous proposions une éthique, un idéal de vie.

Une des premières causes qui poussent les jeunes à la funeste expérience de la drogue est l’absence de motivation claire, convaincante pour la vie. En effet, l’absence de repères, le manque de valeur, la conviction que rien n’a de sens et que cela ne vaut donc pas la peine de vivre, le sentiment tragique et désolant d’être des individus qui marchent inconnus dans un univers absurde, peut les inviter à la recherche d’une échappatoire. Le phénomène de la drogue vient souvent d’un sentiment de solitude, d’une incommunicabilité qui pèse malheureusement sur toute la société moderne, bruyante, anonyme et même sur la famille.

La toxicomanie doit être vue comme le symptôme d’un mal de vivre, d’une difficulté de trouver sa place dans la société, d’une peur de l’avenir et d’une fuite pour échapper à une vie illusoire artificielle. Nous sommes dans un monde qui manque d’espérance, à qui font défaut des propositions humaines et spirituelles fortes. Beaucoup de jeunes pensent que toutes les attitudes se valent sans arriver à distinguer entre le bien et le mal et sans avoir le sens des limites normales.

La prophylaxie contre la toxicomanie est assurée par une relation éducative globale qui prend en compte tous les aspects dont l’enfant a besoin pour se développer. L’harmonie de la vie familiale, le témoignage de l’engagement, de la fidélité et d’une attitude humaine authentique, la qualité morale et spirituelle d’adultes, la formation de l’intelligence pour développer le raisonnement et le jugement, la transmission des valeurs morales, la découverte pour certains de la parole de Dieu pour nourrir et développer la vie spirituelle, l’expérience d’une vie sociale et filiale sont autant d’atouts pour former une personne libre, responsable, qui sait discerner le bien le mal ; une personne qui sait résister aux pressions, qui sait faire face aux difficultés inhérentes à l’existence, traiter les crises et trouver les attitudes et les moyens pour les dépasser, et communiquer assurance et confiance en soi.

C’est donc dans une restauration des valeurs morales, des valeurs spirituelles, de la famille, du respect de la vie, de la dignité humaine, d’une affirmation de la valeur de l’effort et du travail, de la maîtrise des désirs, que l’on créera des conditions d’une lutte efficace contre ce fléau grandissant.

La drogue ne peut disparaître que faute de consommateurs.

Alors, sachons dire et montrer à nos enfants que la vie est un don fabuleux. Il faut la prendre à bras-le-corps, en être responsable. Les paradis artificiels ne peuvent apporter l’illusion du bonheur que d’une manière bien éphémère. La joie est au bout de l’effort. Il y va de l’avenir des jeunes. Redisons encore qu’il n’y a pas de fatalité dans la drogue ; il n’y a que la démission des adultes.

Je voudrais enfin citer un ouvrage remarquable qui vient de paraître en 2002, édité par le Conseil pontifical de la Pastorale de la santé et s’intitule :  » Église, drogue et toxicomanie. »
Conseil pontifical pour la pastorale de la santé

avec une introduction de Mgr Philippe Barbarin

Ed. Cerf – Janvier 2002 – 270p – 10 €

Un site incontournable: Drogue Danger Débat

Docteur Nicole Seguin

Annexes

Observatoire régional de santé et de France.

Mai 2002 n° 2. Banalisation du cannabis chez les jeunes.

Une nette augmentation de l’expérimentation au cours des années 90.

La proportion de jeunes ayant déclaré avoir déjà consommé au moins une fois du cannabis au cours de leur vie à plus que doublé en quinze ans : en 1998, 42,7 % des lycéens parisiens avaient déjà consommé du cannabis, ils étaient 23,4 % en 1991 et 18,7 % dans ce cas en 1983. Cette tendance a été confirmée récemment au niveau national par l’enquête le S. P. A. D. de 1999. D’après l’observatoire français des drogues et toxicomanies, à 18 ans, plus d’un jeune sur deux a expérimenté un joint. Il y aurait 3 millions de consommateurs occasionnels et 1 700 000 consommateurs réguliers. Un accès plus facile au cannabis est évident. La majorité des franciliens scolarisés s’est déjà vue proposer des substances illicites, principalement du cannabis, par ailleurs la proportion de lycéens parisiens déclarant connaître au moins un usager de drogue illicite est passé de 58 % en 1983 à 80 % en 1998.

(Cette fréquence passe à 85 % en 1999 et 95 % en 2002)

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